Fervente critique du système éducatif de 1900, et grâce à sa vision scientifique de l’humain, elle a mis en lumière toutes les étapes et les caractéristiques du développement humain de la naissance à l’âge adulte. Les neurosciences d’aujourd’hui ne font d’ailleurs que confirmer sa vérité scientifique. Elle fut une véritable femme de sciences, visionnaire et audacieuse.

Docteur en psychiatrie, elle a débuté sa carrière en 1896, à l’hôpital psychiatrique de Rome. Elle y a pris en charge le suivi d’enfants déficients mentaux, et à travers différentes activités, mis en place la pratique d’un travail expérimental. En offrant à ces enfants la possibilité d’apprendre, à leur rythme et tout en manipulant un matériel spécifique, Maria Montessori les a amenés à réaliser des progrès spectaculaires.

C’est dans ce cadre qu’elle a découvert l’importance de l’action de la main dans l’apprentissage et le développement de l’intelligence. Ces enfants, bien que déficients, obtinrent de meilleurs résultats scolaires que d’autres, non déficients, qui suivaient un système scolaire traditionnel.

Directrice de l’école d’orthophonie de Rome, elle s’inspira de Jean Itard et d’Édouard Séguin, tous deux médecins et pédagogues français, pour développer un matériel de lecture pour les enfants muets. Elle aborda l’apprentissage de la lecture et de l’écriture avec une approche développant, en premier lieu, la capacité de déceler les sons, puis de tracer des lettres cursives. Par la suite, elle décida de créer une méthode d’apprentissage global qui répondait à ses découvertes en psychologie. Elle effectua ensuite un grand travail de recherches en tant que pédopsychiatre et, à partir de 1906, en tant que pédagogue, elle ouvrit la première Maison des enfants –La casa dei bambini- dans un quartier défavorisé de Rome.

1910 – Date qui marqua le monde de l’éducation : la publication du livre « La méthode Montessori », un best-seller traduit dans plus de 20 langues et qui ouvrit la voie de l’application de cette méthode

dans de nombreuses écoles du monde entier. La pédagogie de Maria Montessori s’inscrivait alors dans le courant de l’Éducation nouvelle apparu dès 1900.

1929 – Création de l’Association Montessori International (AMI) qui permit la diffusion et la promotion de la méthode Montessori à l’international et ce, tant à travers la création, aux Pays Bas, de son matériel scientifique que via la formation des éducateurs dans des instituts dirigés par l’AMI.

À l’époque, ce qui démarquait Maria Montessori des autres grands pédagogues reposait sur sa conviction et ses efforts pour promouvoir l’éducation comme moteur du progrès social et messager de la paix dans le monde. En ce sens elle mit le développement social et émotionnel de l’enfant, au même rang que celui du cognitif.

Son discours éducatif s’adresse, d’une façon générale, à l’éducateur : professionnel ou parent. Pour eux, elle a rédigé des textes adressés aux professeurs, et certains ouvrages sont pensés pour les parents, mettant ainsi l’accent sur l’importance de l’éducation à la maison.

Malgré un début de siècle marqué par deux guerres mondiales, Maria Montessori continua ses travaux et favorisa la promotion de sa méthode à travers le monde. Elle résida ainsi dans divers pays : Italie, Espagne, États-Unis, Inde et Pays-Bas.

En 1952, âgée de 81 ans, elle décède à Noordwijk aan Zee aux Pays-Bas.

La personnalité d’un individu résulte de l’interaction des capacités natives de l’enfant et des influences de l’environnement. La perception est un jeu – utilisations des sens – indispensable pour donner naissance à la pensée symbolique.

Ce type d’éducation encourage l’adulte à offrir à l’enfant la possibilité de se construire à travers ses propres expériences. Grâce à un matériel préparé et conçu ingénieusement, elles pourront être vécues par l’enfant dans une liberté de mouvement et de choix.

De nos jours encore, cette approche peut prêter à confusion et être mal interprétée. Disons-le simplement, la méthode Montessori ne vise pas à laisser l’enfant faire ce qu’il veut. La liberté qui lui est donnée l’est dans un cadre posé et elle est régit par des règles bien précises.

Maria Montessori évoque la nécessité de faire vivre l’apprentissage au jeune enfant, par le mouvement : la main devient l’instrument de son intelligence.

Cette découverte sur l’activité cérébrale du lobe frontal – les neurones miroirs absorbent l’information née des perceptions sensorielles – a donné naissance à la conception d’un matériel sensoriel étalonné.

Les travaux de Maria Montessori couvrent toute la période de la naissance à 24 ans, mais sa méthode porte principalement sur la période 3-6 ans, période qui va permettre la fondation des mécanismes de l’intelligence de l’individu.

À travers ce projet, Maria Montessori révolutionna le processus éducatif en mettant en avant l’intérêt de l’Environnement : présence d’un mobilier adapté à la taille de l’enfant, matériel disposé dans un cadre préparé et adapté aux besoins de l’enfant. La posture de l’éducateur fut repensée comme celle d’un guide qui prépare des activités stimulantes pour l’enfant et ce, sans jugement, ni système de notation.

Au cœur de la méthode, l’enfant devient donc l’acteur de son apprentissage et la transmission de la connaissance s’inscrit alors dans un triangle relationnel – enfant – environnement – éducateur – où chacun possède sa propre dynamique et dans lequel l’enfant est « le maître ».

Si la méthode est approuvée et mise en place un peu partout dans le monde entier, certains pays, après la 2^e Guerre Mondiale, vont la hisser rapidement au premier rang : les pays anglo-saxons, nordiques, asiatiques et l’Italie, où la dominante des structures consistait en des écoles maternelles ou des jardins d’enfants.

En France, l’école primaire qui se projetait davantage dans une vision démocratique, a longtemps rechigné à mettre l’accent sur le développement de chaque potentiel. Aussi, la méthode Montessori ne fut mise en place que de manière très isolée, dans des écoles maternelles privées et hors contrat.

Cependant, depuis une dizaine d’années, la société française (structures et parents) se penche avec intérêt sur les bienfaits de cette pédagogie. L’engouement est né suite à l’émergence de nouveaux besoins : motivation des enfants, difficultés scolaires dès le cycle élémentaire, manque d’accompagnement pour les enfants à besoins spécifiques, mais aussi suite à l’intérêt grandissant des parents pour l’environnement éducatif de leurs enfants et la pédagogie alternative.